Sadi Carnot

Sadi Carnot est né à Limoges en 1837 d’une famille bourgeoise qui a donné de nombreux savants et hommes politiques à la France. Il tient son curieux prénom de son grand-père Lazare Carnot, qui joua un rôle important pendant la Révolution française et qui admirait le poète persan du XIIIe siècle, Saadi de Chiraz. Ingénieur des Ponts et Chaussées, major de Polytechnique, Sadi Carnot ne s’intéressa à la politique qu’en 1871 en commençant fort logiquement sa carrière… comme Ministre des travaux publics. Il est Ministre des finances à la démission de Jules Grévy.

Le climat politique est alors délétère. Clémenceau s’oppose à l’élection de Jules Ferry et pousse la candidature de Sadi Carnot pour lui barrer la route de l’Elysée avec ces mots : « Carnot n’est pas très fort et c’est un parfait réactionnaire, mais il porte un nom républicain et d’ailleurs nous n’en avons pas d’autre. ». Homme honnête et scrupuleux, travailleur infatigable et personnalité effacée, Sadi Carnot va pourtant faire front vaillamment à toutes sortes de scandales.

Dès les premiers mois de son mandat, il doit affronter la crise boulangiste. Mis à la retraite par Sadi Carnot en 1888, le populiste général Boulanger cristallise les oppositions au régime républicain par son discours nationaliste et revanchard. Après des victoires électorales, ses partisans le pressent de prendre le pouvoir par la force ce à quoi il se refusera préférant fuir en Belgique en 1889 après avoir appris qu’il allait être arrêté pour complot.

Cette même année 1889 éclate le scandale de Panama. Suite à la faillite de la compagnie française chargée de creuser le canal de Panama qui provoque la ruine de milliers de petits épargnants, on découvre que les promoteurs du projet ont corrompu des journalistes influents et des députés et sénateurs pour masquer les difficultés de la compagnie. Le discrédit sur la classe politique de l’époque est considérable.

Mais la grande affaire du mandat de Carnot est l’anarchisme. Entre 1892 et 1894, les idées anarchistes se propagent entrainant une vague d’attentats à Paris (Ravachol en 1892, Vaillant en 1893). Le 24 juin 1894, alors qu’il est à Lyon pour inaugurer l’exposition de commerce et de l’industrie, il est assassiné par un jeune anarchiste italien Santo Caserio qui voulait venger la mort de Vaillant. La France fit à Sadi Carnot des funérailles nationales et son corps repose depuis au Panthéon entre Victor Hugo et Jean-Jacques Rousseau.